Alors voilà, j'essaye d'être tartelisante. Voici le chapitre 4 d'hier. Le 7 m'attend !

Chapitre 4 : où vous saurez ce qui se passa le jour où tout commença (pour de bon mirliton)

Imaginez une cour de récré, avec tous ses occupants, petits et grands, les délaissés, les pourris gâtés, les mignons et les petits pas vraiment finis. Vous mettez au milieu une petite tartelette avec ses couettes et ses lunettes, sa robe grise à carreaux verts, son petit nez bossu et ses yeux qui se disent bonjour et vous devez comprendre de vous-mêmes. Oui, les petits se montraient cruels avec elle, lui tiraient les couettes, lui piquaient ses lunettes, l’enfermaient dans les toilettes, lui faisaient des « tartelette, pouet pouet », tout cela en riant, en se gaussant, en gloussant, roucoulant et chantant. Tartelette avait pris son parti d’en rire elle aussi, suivant les sages conseils de ses parents « vieux mot en rire qu’en pleurer ». Enfin, je cite de mémoire, je peux me tromper, ils avaient parfois de légers problèmes d’élocution. Bref, Tartelette se montrait douce et patiente, faisait bonne figure et ne râlait même pas quand on lui mettait de la confiture sur et dans le nez. Un jour, à l’aube de ses huit ans, Tartelette entendit ce vilain propos : « Tartelette, ça lui va bien. Elle ne dit jamais rien. Quelle tarte. Et puis, elle n’est pas belle… Tartelaide, oui, oui, tartelaide, ça lui va parfaitement bien ». La propension des vilains propos à se répandre dans une cour d’école étant proportionnelle à leur pouvoir blessant et à leur facile mémorisation, je peux vous assurer qu’il fallut moins d’une récré pour entendre tous les morveux et propres du nez chanter : tartelaide, tartelaide, tartelaide, tartelaide (ce sur l’air de la cantate pour les chevaux marins enlisés dans le sable fin, opus 56 de Razmoninovitch). Pauvre Tartelette… Elle se cacha dans les toilettes, respira un bon coup et décida que désormais, elle ne rirait plus, elle ne sourirait plus aux idiots et se vengerait. Elle ne savait pas vraiment encore ce qu’elle ferait, mais elle le savait : elle se vengerait. Le premier sur la liste sera celui à l’origine de ce surnom (qui va quand même la suivre jusqu’en CM2, vous imaginez un peu !), le gros malin de Sébastien. Il est gros, il pue, il n’est pas beau, il a perdu sa dent de devant et postillonne quand il s’énerve. Et c’est LUI qui ose l’appeler Tartelaide ! Non, vraiment, il mérite d’être puni. Quand la cloche sonna, Tartelette a rejoint la classe le plus naturellement du monde. Quand elle entendait les voix de ses camarades « tartelette, ah non, c’est vrai tartelaide » et leurs rires étouffés, elle faisait comme si elle n’entendait pas. A la sortie des cours, elle traîna un peu. Tous les enfants étaient rentrés chez eux, oui, tous… sauf Sébastien. Elle ne fit ni une ni deux et lui proposa en souriant de l’accompagner chez lui. Elle connaissait le chemin et sa maman lui avait dit qu’il fallait qu’ils rentrent ensemble (évidemment c’était un mensonge mal fagoté et gros comme une maison –ou même comme un château- mais le petit garçon l’avala tout rond). Ils se mirent donc en route et quand ils longèrent le canal, Tartelette remarqua : « ah tiens, c’est marrant, t’as vu ce qu’il y a dans le fond ? - Non, non, y’a quoi ? - Ben y’a toi ! kwâ kwâ , répondit-elle en poussant le malheureux Sébastien qui jura, mais un peu trop tard, de ne plus sécher la piscine. Il coula et fit quelques glouglous. Seule Tartelette sait ce qu’il lui est arrivé ce jour-là. L’année passa ensuite très vite : on parla surtout de la disparition de ce petit garçon si mignon, chéri de sa famille et de tous ses amis, si gentil, si drôle, avec toujours le mot pour rire. Tartelette, quant à elle, se tint bien tranquille et poussa même quelques petits sanglots quand elle sentait que ce n’était pas de trop. Sacrée Tartelette, elle cachait bien son jeu sous ses couettes et ses lunettes !

Je n'avance pas super vite mais des fois j'en ris toute seule, désolée pour les private joke qui peuvent se cacher ou les maladresses, c'est de l'écriture rapide. Bonne soirée !